Il fait nuit noire, le lac ondule sensuellement sous la lumière de la lune opaline et dans ce merveilleux décor, je ne suis qu'un insignifiant spectateur. Torse nue, assis sur le perron de mon petit cabanon, j'observe cette splendeur avec des yeux émerveillés. Voilà plusieurs années que je vis ici seul, à quelques heures seulement du palais de mes parents, et je ne me lasse jamais de contempler ces lieux. Pour moi, le lac n'est jamais le même. Il suffit que l'heure ou la météo ne change pour découvrir quelque chose de nouveau ; une lumière différente, un son, un point de vu. Cette nuit, je ne dors pas. Aucun cauchemar, aucun tourment, la simple caresse du passé qui est doucement venu me visiter pour me tirer hors de mon sommeil. Derrière le cabanon, je peux entendre les piaillements et les bruits de sabots que fonds les hippogriffes. Ces derniers ne sont jamais enfermés dans un enclos où attachés, mais connaissent parfaitement où est leur place. Eux qui sont normalement si solitaires semblent bien vivre dans leur petit communauté. Je pense avoir pris la place du dominant en tant que dresseur et ce titre doit surement empêcher les conflits.

Ces bruits, pourtant si anodins me renvoient plus loin dans ma vie. Il y a une petite dizaine d'années, lorsque j'ai enfin réussis à faire comprendre à mon père que je pouvais m'occuper seul des animaux, que je pouvais parfaitement habiter ici, seul, sans soucis. Grâce à lui, je sais me battre et chasser. J'ai un équipement impeccable rangé sous mon lit d'ailleurs, que je porte pour les voyages dangereux. L'argument qui l'avait fait subir, était sans aucun doute le lac. Il sait que je suis un triton, il sait que j'ai besoin d'eau pour vivre et que ce secret ne doit rester qu'entre nous deux. L'alibi est parfait. Pourquoi un homme irait se terrer seul près d'un lac ? Certains pourraient crier à la sirène. Pourtant, prétendre que c'est pour que les hippogriffes puissent rester ici et boire tout leur saoule sans problème ne serait que plus vrai. Il léger sourire naît sur mes lèvres, alors que ma mémoire me renvoie plus tôt encore avant ça...



Je me revois au palais de mon père, dans la cours s'entraînant à l'épée. Ma mère adoptive et sa grand-mère préféraient me voir lire plutôt que me battre, mais ne s'y opposaient nullement, elle savait que savoir se défendre serait utile. La poussière vole autour de nous, soulevée par nos bottes qui la piétine. Les combats étaient durs et à raison. Mon père, avant d'être destitué de son titre était chevalier. Il n'a jamais vraiment voulu m'en dire d'avantage, je n'ai jamais su pour qui il portait l'épée d'ailleurs. Mais s'il y avait une chose dont il me parlait, c'était de ses exploits. Il m'a entraîné à l'épée et m'a enseigné l'art de la chasse. Pour ma part, étant un grand ami des animaux, je ne chasse que pour me nourrir et non pas par plaisir. Je chasse pour moi et les hippogriffes n'y manquent pas non plus. Je ne peux décemment pas me permettre d'organiser des parties de chasses en plus, sinon le gibier finirait par ne plus avoir le temps de se reproduire autour de nous ... L'époque où je vivais au château. Voilà une époque douce et naïve de ma vie. Lorsque j'étais encore plus jeune que ça, surement un peu moins que dix ans. Je lisais par centaine les livres de la bibliothèque de mes parents, adorant me gaver des ouvrages d'aventure, d'histoire. Mais mon père avait éloigné de cette bibliothèque un meuble entier. Il disait que ce n'était pas des livres qu'un enfant pouvait lire. Ce n'est que quelques temps après que j'ai compris, il avait éloigné de moi les livres narrant les massacres de l'île. C'est à dire, les meurtres des sirènes par dizaines sur les places publiques. Lire tous ces ouvrages m'avait secoué, et renforcé dans ma conviction pour ne pas dévoiler mon secret.

Ainsi fût ma vie bien remplie. Assez palpitante pour m'en être souvenue en l'espace d'une nuit. Je soupir légèrement, la fatigue revenant doucement alourdir mes paupières... Il est temps de repartir dormir. Jetant un dernier coup d'oeil à la harde qui semble paisible, je retourne m'étende dans mon lit, arrêtant de penser, pour simplement m'endormir la tête vidée.

Je me suis permis un petit écart ; j'ai fais mon histoire comme un test rp', une nuit d'insomnie il repense aux grands détours de sa vie mais j'ai détaillé tout ce qui n'était pas dit dans ce test plus haut, dans le chant des sirènes. Du coup j'espère que ça ne dérange pas et qu'au contraire, ça aura peut-être rendue la lecture plus simple et agréable ?
Quoi qu'il en soit, j'ai terminé enfin et suis impatiente de vous rejoindre pour jouer !  

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