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| Beauty and the Witch (Némérja) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: Beauty and the Witch (Némérja) Dim 11 Déc - 23:12 | |
| De retour d'Eriamor depuis quelques jours à peine, Bylgja se surprenait à savourer un repos salvateur. La route l'avait éreintée, il fallait plusieurs jours de trajet pour rejoindre les deux cités d'Istard et le voyage était plus long encore en longeant la côte. Elle n'avait guère eu le choix pourtant, s'éloigner de la mer c'était là signer son arrêt de mort. C'était aussi vital que viscéral, loin de cette grande étendue, elle n'était rien. Le regard perdu au loin, vers la falaise balottée par les vents, elle admirait les reflets du soleil sur la mer d'azur, reflets d'argents sur les ondes bleutées. Un sourire énigmatique étira ses lèvres. Même au cœur de l'hiver, même sous le plus pâle des soleils, rien n'était plus beau que la mer. « Je...on m'a dit que vous pourriez me venir en aide. » Bylgja tourna un regard glacial, perçant, en direction de la silhouette qui se tenait au milieu de la pièce, manifestement anxieuse et mal à l'aise. Eloignée de quelques heures de la cité d'Isandiel, chaumière perdue au sommet de la falaise de calcaire qui surplombait la mer, elle n'en était pas moins harcelée régulièrement autant par les femmes cherchant quelque maléfice illusoire pour les tirer d'affaire délicate, familles désespérées venues sauver leur unique enfant, détracteurs parfois espérant démasquer la sorcière qui habite cette bicoque. Elle ne connaissait que peu de répit. « Il...il se murmure que c'est à vous que l'on doit la naissance de l'héritier. » « Et tu penses mériter le même royal destin ? » La femme piqua un fard. En effet, vêtue de façon particulièrement modeste, sans fards ni artifices, la jeune femme représentait la plus majeure partie de la clientèle de la guérisseuse. Marchands et paysans désespérés prêts à croire à tous les espoirs, même les plus fous. A Isandiel, elle avait réussi l'exploit d'approcher la famille royale, gagnant peu à peu leur confiance. Mais elle restait une femme du peuple, prête à venir en aide aux hommes du peuple. Ou à continuer à les bercer d'illusions empoisonnés, c'était au choix...
S'emparant d'une fiole, elle s'approcha de la villageoise. « Voilà de quoi te satisfaire. Cette potion te donnera un fils. Pour le reste évidemment,, nulle magie. A toi de faire ce qu'il...convient. » La jeune femme coula un regard anxieux en direction de la fiole mais la guérisseuse n'en tint nullement compte. « As-tu les cinquante pièces d'or ? » Devant la mine consternée de sa patiente, la sirène sentit son sang bouillir. « Si cela te déplaît retourne donc à Isandiel. Ses médecins sont certainement de braves hommes. Bien plus efficaces que je ne le serai jamais. Ne soignent-t-ils pas admirablement bien tes six filles déjà ? Mais si ton époux se languit toujours de ne point voir poindre de fils, n'hésite pas à me l'envoyer. J'en ferai mon affaire. » Elle ponctua sa tirade cynique par un large sourire. La villageoise lui remit de mauvaises grâce une bourse emplie de pièces sonnantes. Les économies de tout un foyer qu'elle dilapidait sans aucune certitude de résultat. Voilà l'angoisse qui devait traverser son esprit en cet instant. « Tu me remercieras plus tard. Sois en assurée. » Avec un nouveau sourire, elle guida la jeune femme jusqu'à l'entrée de la chaumière où elles prirent congé l'une de l'autre. Sans un regard en arrière, la sirène claqua la porte derrière elle.
Il ne lui fallu attendre que quelques instants à peine pour que nouveaux coups frappés contre le battant ne viennent à troubler sa quiétude. L'huis s'ouvrit à la volée lorsqu'elle se présenta, prête à renvoyer l'intruse qui n'avait que trop profiter de son hospitalité mais ce n'était nullement la mère en mal de fils qui venait à nouveau réclamer son aide. Capuchon rabattue sur le front, elle ne la reconnut pas tout de suite. Mais la silhouette altière et les pommettes hautes la trahissaient autant que ses traits délicats et ses yeux clairs dans lesquels semblaient se refléter l'océan. Une Silvershell à n'en point douter. Il se murmurait depuis quelques temps déjà que fille aînée, jumelle du prince Edderion, était rentrée à Isandiel pour y passer son veuvage. Bylgja ne l'avait jamais croisée, longtemps éloignée de la cité côtière par son voyage à Eriamor. « Votre Altesse... » murmura-t-elle après une brève révérence. Pour la première fois depuis longtemps, la guérisseuse se trouvait décontenancée. Si on l'avait fait mander à plusieurs reprises jamais aucun membre de la famille royale n'avait fait le voyage jusqu'ici. S'éloignant de la porte, elle fit mine à la princesse d'entrée dans l'unique pièce de la chaumière. « Puis-je savoir en quoi son altesse me fait l'honneur de sa visite ? » Némérys Silvershell venait de piquer sa curiosité, elle ne put s'empêcher de la détailler de son regard perçant, cherchant le moindre indice quant à la raison de cette étrange visite. |
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| Sujet: Re: Beauty and the Witch (Némérja) Ven 23 Déc - 20:08 | |
| beauty and the witch bylgia & némérys ✧ ✧ ✧ Le vent fouettait sans ménage son visage, fatigué par son précédent voyage et à sa droite, d'imposantes falaises défilaient au rythme des pas de son cheval. L'océan, plus que jamais déchainé, semblait chérir sa fille par l'étreinte lointaine de ses écumes : elle était de retour chez elle après des années d'absence et si la tempête qui faisait rage dehors en démotivait plus d'un pour s'y exposer, elle savait qu'Olinwë l'accueillait à nouveau en son foyer. Le dieu avait été présent pour elle dans les moments les plus sombres de son existence et si aujourd'hui elle pouvait une fois de plus sentir l'air iodé des terres qui l'avaient vu grandir, elle savait qu'elle le devait en partie à son père créateur, mais également à une certaine guérisseuse, qui avait aidé son frère jumeau. Elle se souvenait de cette fameuse missive, envoyée dans la discretion la plus totale à Edderion, dans laquelle elle lui suppliait de lui rendre visite dans sa « prison écarlate ». Après des années à supporter les caprices les plus fous de son mari, elle allait finir par succomber à son mal, elle le savait et Edd avait alors été son dernier espoir.
« Ne souhaitez-vous donc pas faire une halte, votre altesse ? » La voix de l'un des deux gardes qui l'accompagnait, galopant devant elle, l'extirpa de ses pensées. Non, elle ne souhaitait pas perdre de temps. L'hiver était bien présent et les jours bien trop courts. La nuit risquait de tomber avant leur retour à Isandiel et moins de temps elle restait loin de la cité, plus sa sécurité serait assurée. En lui donnant le nom de celle à qui elle devait la fin de la période la plus noire de sa vie, Edd lui avait également ordonné de ne pas tarder, afin de ne pas ébruiter le fait qu'une princesse quittait secrètement le palais. « Non, hâtons-nous. Nous ne devons pas négliger le temps qui nous est imparti. » Ce dernier hocha de la tête et repris sa course effrénée.
Quand ils arrivèrent à destination, la surprise de trouver une simple bâtisse au bord d'une falaise se fit ressentir par les deux hommes, bien qu'ils ne dirent guère mot. Le soleil commençait déjà à se faire moins haut. La jeune femme hésita quelques secondes, se rendant peu à peu compte qu'elle allait faire bientôt face à ses démons. Elle était venu voir cette fameuse Bylgia pour une bonne raison et espérait plus que tout ne pas avoir fait ce trajet en vain. Elle l'avait déjà grandement aidé une fois, peut être qu'elle serait à même de recommencer... D'un pas décidé, la sirène avança vers l'entrée de la chaumière, croisant alors quelques personnes à l'air désabusé. Des gens du peuple, venus sans nul doute dans l'espoir de trouver des remèdes miracles à leurs maux. Elle resserra d'un geste la capuche de son manteau bleu nuit, qui lui cachait à moitié son visage. Elle n'avait aucun intérêt à être reconnue, même si elle doutait que l'un de ces pauvres gens ne se souvienne encore de l'apparence de la veuve Ironsword. Hormis le cadre de vie plus qu'agréable dont elle bénéficiait depuis son plus jeune âge, Némérys se surprit à penser qu'au final, elle n'était pas si différente qu'eux. Toutes les richesses et titres de noblesses n'étaient qu'illusion, face à la cruauté et la folie qui pouvait s'emparer de l'esprit des hommes, ainsi que la maladie et puis... certaines douleurs, physiques et morales, qui ne disparaissaient jamais. Ah, la misère de la nature humaine...
L'un des hommes lui emboîta le pas et fini par la devancer, alors qu'elle s'arrêtait face à l'huis de la bâtisse. Son regard, obéissant et engagé, se planta dans le sien. Elle hocha silencieusement la tête, n'oubliant cependant pas de prendre une grande inspiration. Elle avait perdu le sens des échanges, du haut de sa tour écarlate, elle n'avait pendant longtemps eu à se distraire qu'avec le peu d'enthousiasme dont avaient fait preuve ses dames de compagnie, sa belle-famille et les quelques soldats, plantés à l'extérieur de sa chambre. Le contact avec le monde extérieur lui avait manqué et pourtant, voilà qu'elle ne savait plus réellement comment s'y prendre. L'homme frappa quelques coups avant d'ouvrir la porte et Némérys entra.
Face à elle se trouvait une femme, dotée d'une beauté froide incroyable. La sorcière Bylgia, tel que certains se plaisaient à la surnommer, était en tout point ce dont elle s'était imaginé. Son regard perçant semblait sonder son âme à l'instant-même où leur regard s'était croisé. Elle était impressionnante et dégageait une aura mystique, dangereuse, donnant vie à la représentation qu'elle s'était faite d'elle. Cependant, son attitude changea lorsqu'elle sembla comprendre la situation ce qui, en toute honnêteté, détendit quelques peu la Silvershell. « J'ai ouïe dire que vos talents m'ont permis de m'extirper d'un problème.. d'une certaine importance. » Elle marqua une pause, ne sachant comment tourner ses pensées. « Je suis donc venue ici vous remercier. » Elle n'était pas prête à laisser tomber le masque, elle ne la connaissait encore que trop peu. Et pourtant, étrangement, elle se doutait qu'elle pouvait lui faire confiance. Son frère lui avait parlé de sa volonté de rejoindre leur cause et cela représentait beaucoup à ses yeux. Peut être était-ce sa nature Olaïade, si familière, qui l'encourageait à aller jusqu'au bout. « Il y a également autre chose... Je ne voudrais en aucun cas vous importuner davantage, mais... certaines blessures semblent ne pas vouloir disparaître. » Elle s'arrêta ici, attendant une réaction de son interlocutrice. A ce stade, elle était la seule à pouvoir lui laisser entrevoir un avenir moins douloureux et plus serein : elle était la seule en capacité de la guérir de ses propres tourments.
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